lundi 7 octobre 2013

Ava préfère les fantômes (tome 1) – M.Bernard – 271 p. - Syros – 2012 – 16 €


Et les fantômes le lui rendent bien ! Ava a le don de voir les spectres depuis sa plus tendre enfance. Dès l’âge de trois ans, Ava a compris qu’elle ne devait pas essayer d’expliquer à ses parents ce qu’elle voyait. Punition après punition, la petite Ava s’est construit une personnalité banale : timide, sage et polie. Polie, très polie, tellement polie que les conversations s’envasent et permettent à Ava de s’effacer, de disparaître aux yeux de ses congénères. Si Ava est une jeune fille effacée, elle est en revanche d’une redoutable intelligence. Elle aspire à la tranquillité de sa pension du Sud de la France. Malheureusement, son pensionnat ferme pendant les congés scolaires. Ses parents en plein divorce ne souhaitent pas s’encombrer de leur fille qui les a toujours embarrassés par ailleurs. Envoyée chez son oncle, sur l’île de Jersey, elle sait qu’elle va être confrontée à des situations imprévisibles. Mais les événements vont dépasser ses pires craintes. Tout d’abord son oncle organise une grande exposition sur un trésor viking trouvé près du manoir. De nombreuses personnalités du monde culturel et archéologique vont aller et venir dans les longs couloirs de la demeure familiale. Ava devra donc être sociable, souriante et accueillante. Elle qui déteste les relations humaines chaleureuses et spontanées, elle va devoir se surpasser pour se faire oublier. A son arrivée Ava croise le chemin de Billie, une jeune fille charmante qui aurait pu devenir son amie. Malheureusement Ava n’a rencontré que le spectre de Billie car celle-ci vient d’être assassinée sur la plage. Billie attend beaucoup d’Ava qu’elle sait « extraordinaire ». Meurtre après meurtre, fantôme après fantôme, Ava est bousculée par les revenants et les vivants. Heureusement,  elle va aussi rencontrer une femme, une vraie, en chair et en os qui saura mettre des mots sur son don qui sonne comme une malédiction pour cette jeune fille sauvage. Ava est consolatrice. Elle a la capacité de libérer les revenants afin qu’ils quittent définitivement le monde des hommes. J’ai beaucoup aimé ce roman fermé aux petites heures du matin. Le mélange est parfait : une enquête policière bien menée, des événements surnaturels savamment dosés, une héroïne forte, adorable et détestable à la fois, une île mystérieuse, une trame historique cousue serré. Ava est déconcertante dans son analyse des relations humaines, particulièrement ses relations avec les adultes. Courageuse, intelligente, farouchement accrochée à sa liberté d’action et de pensée, Ava est une jeune fille que j’aimerais fréquenter ! J’ai retrouvé un peu d’Agatha Christie dans ce huis-clos à la cluedo. Le talent d’Ava rappelle aussi Cole Sear l’enfant du film le Sixième sens. Un peu angoissant, trépidant, surprenant, ce roman est un cocktail détonnant à piquer à vos enfants sans hésiter ! Dès 12 ans.


Ava préfère se battre (tome 2) – M.Bernard – 346 p.
Syros – 2013 – 16.50 €
Malgré ses dernières vacances très éprouvantes, Ava retourne sur l'Ile de Jersey chez son oncle Vincent Bazire. Elle souhaite entamer sa formation de consolatrice auprès de la doyenne de la fonction Cécilia Watson. Ava se doute que sa formation sera dense. Elle pense devoir assimiler des procédures et des méthodes psychologiques pour libérer les fantômes de leurs vies de spectre. Elle imagine que son statut d'apprentie va lui permettre d'observer et de comprendre les délicates techniques mises en oeuvre par sa tutrice qui a plus de 90 ans doit connaître tous les rouages et les trucs du métier ! Effectivement Cecilia a l'intention de lui apprendre des astuces, des combines et des tours de passe-passe dignes du plus chevronné des cambrioleurs. Mais Ava n'a que faire de savoir crocheter des serrures ! Elle veut une méthodologie, un récit d'expériences réussies et un savoir-faire. Malheureusement Cecilia reste évasive. Ava enrage de ne pas suivre un plan de formation performant car elle sait qu'elle doit venir en aide à 352 000 fantômes répartis sur plus de seize îles et îlots. Heureusement que son chouchou Harald, fantôme de plus de 800 ans, Viking de naissance, la soutient et lui propose une formation accélérée en sciences politiques. Harald devient son coach. Elle doit convaincre l'Assemblée des fantômes de ses réelles compétences. Certains représentants sont engagés auprès de partis politiques qui prônent la scission entre les fantômes et les hommes. Le FF (Fantôme pour les fantômes) refuse que le consolateur soit un vivant. Elle va donc mener campagne et monter au front pour défendre ses idées novatrices. Ava pense qu'il faut recenser tous les fantômes et créer une base de données. Elle envisage sa fonction comme une activité de pilotage de groupes de soutien formés à écouter et consoler des assemblées de spectres. Elle veut rationaliser et utiliser le potentiel des autres fantômes. Son programme ambitieux l'entraîne aux confins de l'île auprès de tous les morts-vivants des plus agréables ou plus redoutables. Si sa tutrice ne la forme pas selon ses désirs, elle aura la bonne idée de l'inviter dans une pizzeria où Ava va peut-être faire la rencontre la plus importante de sa vie : Marco ! Un jeune homme bien vivant, tout en chair et en os et tout en sentiments pour elle ...Ce deuxième volet des aventures d'Ava est tout aussi agréable bien que le récit soit plus introspectif. Le suspens s'installe vraiment dans la deuxième partie du roman. Ava a mûri. Ses questionnements sont donc plus profonds et plus intimes. Sa nouvelle fonction et sa première expérience amoureuse sont des sources de désordre et de déséquilibre qui la malmènent et la perturbent. Ava la perfectionniste, un peu freak control, doit lâcher du lest et écouter ses émotions. Cet été là, Ava ne se sent pas à la hauteur, elle doute et certains fantômes vont en profiter ….J'aime beaucoup cette jeune Ava dont j'apprécie toujours autant la personnalité et la libre pensée ! Dès 12 ans.
 

La Mort préfère Ava (tome 3) – M.Bernard – 367 p.
Syros – 2013 – 16.90 €
J’ai pu lire le troisième tome de la série Ava (chron11) juste à sa sortie. Lorsque je l’ai reçu, j’ai changé le programme de cette journée de vacances pour rester à la maison et pouvoir commencer ce nouveau tome tout de suite. (Vous le savez déjà, je suis une mauvaise mère !). Dans ce volume, Ava entame sa deuxième année de formation de consolatrice de fantômes. Son don rare et inné lui permet d’aider les spectres à quitter les lieux auxquels ils restent malheureusement prisonniers. Afin de participer à l’assemblée annuelle des consolateurs, Ava se rend sur l’île de Guernesey. Accompagnée de sa tutrice Cécilia Watson, Ava tente de mener son projet de recensement des fantômes en visitant chaque secteur des iles anglo-normandes dont elle devra prendre la responsabilité d’ici quelques années. Malgré quelques vieux spectres ronchons, ce projet de base de données fait son chemin et des groupes de libération voit le jour après le passage d’Ava et ses idées novatrices. Elle est impatiente de rencontrer d’autres consolateurs car elle cherche des réponses à des questions auxquelles sa tutrice ne veut pas répondre : comment faire pour être une consolatrice compétente ? Comment être une consolatrice et une femme « normale » et enfin peut-on avoir une vie sentimentale lorsque l’on passe ses journées à être dérangée par des fantômes ? Effectivement à Guernesey, Ava et son oncle sont invités par un ami dont le fils Alistair a fait chavirer le cœur d’Ava dès la première rencontre. Alistair semble partager les mêmes sentiments qu’Ava et après quelques jours il forme un couple harmonieux. Cette idylle amoureuse intéresse les fantômes qui font des paris et engagent des pronostics sur ce jeune couple. Ava qui est une jeune demoiselle discrète supporte mal le tapage fait autour de ses premières histoires d’amour. Malgré ses efforts, elle doit mentir, se cacher et élaborer des stratagèmes compliqués pour protéger Alistair de son don. Surtout qu’un jeune fantôme un peu trop romantique a décidé de faire les yeux doux à la jeune femme. Ce Théo est un spectre très puissant qui crée des accidents lors de ses excès de colère … Marco, le premier amoureux réapparait lui aussi ce qui ne lui simplifie pas la tâche. Heureusement son coach, garde du corps et confident, le délicieux Harald, ancêtre viking vieux de 800 ans veille sur elle. Tout en essayant de mener une vie amoureuse la plus sereine possible, Ava doit aussi soutenir sa formatrice, Cecilia qui semble poursuivi par de vieilles histoires datant de la seconde guerre mondiale. Elle apprend que sa tutrice a été déportée dans les camps et que sa plus petite fille n’a pas survécu à la déportation. Ses révélations permettent à Ava de mieux comprendre la vieille femme qu’elle trouve détachée et distante. Ava savait que ses vacances ne seraient pas de tout repos mais elle n’imaginait pas qu’elles seraient si denses et si dangereuses … Dans ce troisième opus, Ava s’affirme et devient une jeune femme vraiment attachante. Ses amours se compliquent tout en ouvrant la possibilité d’une vie de couple au long cours avec Alistair (pour moi, il ressemble au Prince de la colline de Candy !). Le personnage, jusque là, discret de sa formatrice Cecilia, devient central et j’avoue que la révélation de son secret m’a émue. Le suspens est une fois de plus mené avec adresse. Les dernières pages sont un délice de retournement de situation et de sagacité. J’espère sincèrement une suite … Les récits des différents tomes se densifient au fur et à mesure et demandent aux lecteurs de plus en plus de maturité. Dès 13 ans.