dimanche 29 septembre 2013

Les clefs de Babel – C.Rozenfeld – 273 p. - Syros – 2009 – 15.50 €


Dans un futur lointain ou dans un monde parallèle au nôtre, la faune, la flore et les hommes ont disparu. Un immense nuage chimique et radioactif recouvre notre planète. Enfouie au cœur d’une immense tour hermétique, Babel, une poignée d’humains vive depuis dix siècles selon une organisation strictement hiérarchisée. Oubliés depuis longtemps, cinq gardiens veillent sur la Terre, Babel et le reste de l’humanité. Cryogénisés, ils sortent de leur sommeil de glace tous les cent ans afin d’évaluer la dangerosité du Grand Nuage. Les Gardiens doivent permettre l’ouverture des portes lorsque la planète sera désintoxiquée. Un long et difficile processus doit s’opérer pour débloquer les portes. Cinq clés devront se présenter devant les portes. Cinq clés humaines que tout oppose mais qui devront se connaître et se reconnaître. En haut de la Tour, vivent les Aériens. Cette communauté a reproduit notre monde avec les mêmes structures politiques, économiques et sociales. En dessous, des sociétés hybrides survivent selon des rites et des lois obscurs. Cette structure hiérarchique a vu le jour quelques années après la fermeture des portes de cette « Arche de Noé » lors d’une guerre sanglante où chaque peuple a voulu prendre le pouvoir. Regroupés en caste, les hommes ont muré les étages et aucune communication n’est plus possible entre les différentes populations. Ce roman commence dans les étages des Aériens. Liram est un jeune garçon. Il fête son anniversaire. Pour ses 14 ans, ses parents lui offrent un chaton : Tischa. Ce cadeau est rare et précieux. Seulement quelques animaux de compagnie sont autorisés dans les étages aseptisés des Aériens. Chaque litre d’air est comptabilisé, aspiré, traité puis renvoyé dans les conduits d’aération. Liram sait qu’il est privilégié. Son père, Guibor, est éligible aux prochaines élections. Partisan d’un mouvement pacifiste prônant l’ouverture vers les étages inférieurs, son père souhaite réformer le fonctionnement et l’organisation rigides appliqués jusqu’alors. Son programme politique novateur dérange le gouvernement en place. Soucieux de son fils, Guibor rappelle à Liram qu’il devra prendre soin de son chat génétiquement modifié et lui signaler toute anomalie ou dysfonctionnement de l’animal. Afin de célébrer dignement cet événement, Guibor et Sara, les parents de Liram décident de l’inviter au théâtre. Liram est ébloui par la magnificence de la salle de spectacle. La foule s’agite, la représentation va commencer mais une fumée acre empêche les spectateurs d’approcher. Liram s’impatiente. Des bourdonnements sifflent à ses oreilles, des cris fusent. Des insectes métalliques tueurs tournent au dessus de la foule à la recherche de leurs victimes dont ils doivent repérer l’ADN dans l’air expiré. En quelques secondes, Liram voit ses deux parents exécutés par les dards empoisonnés. Il comprend qu’il doit fuir maintenant afin d’échapper aux insectes tueurs. Il court, il remonte les étages et se réfugie dans l’appartement familial. Caché avec Tischa, il ne sait où se réfugier. Heureusement Ali, ami de la famille le rejoint et lui ordonne de fuir vers les étages inférieurs. Liram comprend alors que sa vie douce et confortable est finie. Il devra aller à la rencontre des autres peuples dont il ignore tout jusqu’à leur apparence … Ce récit est intense. La descente de Liram est une descente aux enfers. Les entrailles de cette Tour de Babel regorgent de peuples étranges et angoissants. Le suspens s’intensifie au rythme des pas du jeune héros. Ses étranges pouvoirs se développent eux aussi au fur et à mesure de ses exploits et de ses rencontres. L’amitié, le courage et la solidarité sont les thèmes directeurs de ce roman post-apocalyptique. Cet univers clos m’a fait penser à Scion de Matrix. Toute comme la description de notre planète polluée et toxique m’a rappelé Nausicaa de Miyazaki. Ce roman dense et riche est à conseiller à tous les lecteurs dès 12 ans.